27 novembre 2018

Vers une mobilité urbaine et durable pour Bruxelles !

Le 2 décembre prochain, plusieurs dizaines de milliers de personnes sont attendues à Bruxelles pour participer à une marche historique pour le Climat.

Cette mobilisation est motivée par le constat que, trois ans après la signature de l’accord de Paris, les émissions de CO2 augmentent à nouveau en Belgique (et dans le Monde). Face au défi de notre siècle, à savoir le réchauffement climatique, les habitudes des citoyens changent, et ils demandent en retour des actions d’envergure de la part des décideurs politiques.

Les habitants et travailleurs bruxellois sont bien évidemment également sensibles à leur environnement direct et réclament une amélioration de la qualité de l’air, des espaces sûrs, une mobilité plus fluide…

Dans le cadre de la politique européenne relative à l’énergie, les Etats Membres de l’Union, dont la Belgique, se sont engagés à établir une première version d’un plan énergie climat 2030 pour fin 2018. La Région de Bruxelles-Capitale devra y présenter ses objectifs et des mesures concrètes qui s’articuleront autour de trois enjeux : la réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’efficacité énergétique et l’innovation.

Bruxelles, en tant que Région, devrait pouvoir agir sur deux leviers principaux : la mobilité et la performance énergétique du bâti. En effet les émissions liées au chauffage des bâtiments sont la première source de pollution dans la Région, et une rénovation du bâti s’impose pour améliorer leur efficacité énergétique. Quant à la mobilité, inutile de rappeler que Bruxelles est l’une des villes les plus congestionnées d’Europe … Les efforts en termes de mobilité sont donc d’une importance capitale pour réduire son empreinte écologique, mais aussi pour développer son activité économique et surtout pour améliorer la qualité de vie de ses habitants.

Pourtant la mobilité à Bruxelles est un véritable défi. En tant que premier pôle d’emploi en Belgique, la Capitale attire un flux énorme de travailleurs en son cœur. Ainsi à peu près la moitié des personnes travaillant à Bruxelles vivent à l’extérieur de la Région, et parmi ces navetteurs « entrants », la moitié (52,7%) se déplace en voiture. Par ailleurs, 41% des bruxellois travaillant à Bruxelles se déplacent encore en voiture pour se rendre sur leur lieu de travail. Au vu de ces constats, la RBC, dans son plan mobilité intitulé « Good Move », a fait de la baisse de la demande en déplacement et de la diminution de l’usage individuel de la voiture ses principaux points d’attention.

Considérant la masse de déplacements entre Bruxelles et les autres régions, on comprend vite que la mobilité bruxelloise doit se jouer à une échelle métropolitaine (c’est-à-dire intégrer Bruxelles et sa périphérie) et faire coopérer les trois entités régionales, ainsi que le fédéral. D’autre part, l’importance des déplacements domicile-travail dans l’usage de la voiture offre aux syndicats et employeurs un rôle dans l’amélioration de la mobilité bruxelloise !

Les syndicats peuvent agir de plusieurs manières sur la mobilité. Comment ? Voici quelques pistes qui auraient un impact positif sur la mobilité bruxelloise.

Les syndicats peuvent agir, au niveau fédéral, notamment via le renforcement ou la création de nouvelles CCT. Il serait à cet égard utile de revoir la CCT 19 qui définit les obligations des employeurs en matière d’intervention dans les frais de déplacements domicile-travail des travailleurs. En effet celle-ci n’oblige les employeurs à intervenir dans les frais de transports en commun que lorsque le trajet domicile-travail est supérieur à 5 kilomètres. Pourtant cela représente déjà une distance conséquente dans une Région comme Bruxelles sachant que 40,7% des travailleurs bruxellois travaillant à Bruxelles parcourent moins de 5 km pour se rendre au travail. Cette limitation des 5 km fixée dans cette CCT devrait donc être revue afin de favoriser le recours au transport en commun de ces travailleurs.

Au niveau régional, la FGTB considère qu’il est indispensable de travailler à la sensibilisation, à la formation et à la mobilisation des travailleurs et de leurs représentants à cette problématique. A Bruxelles, nous disposons d’un outil très intéressant en la matière : les plans de déplacements d’entreprise. Ils consistent en l’étude, la mise en œuvre, l’évaluation et l’actualisation, au niveau d’une entreprise ou d’un groupe d’entreprises, de mesures destinées à promouvoir une gestion durable des déplacements liés à l’activité de cette ou de ces entreprise(s). Chaque entreprise occupant plus de 100 personnes sur un même site en Région bruxelloise est obligé de réaliser un tel plan de déplacements et de mettre en œuvre un certain nombre de mesures obligatoires.

Faute de moyens régionaux spécifiques dédiés à la sensibilisation et à l’implication des travailleurs et de leurs représentants dans le dispositif, les plans de déplacements d’entreprises sont actuellement insuffisamment négociés et concertés au sein des entreprises. C’est pourquoi la FGTB Bruxelles propose et revendique, auprès des pouvoirs publics, un renforcement de la capacité d’intervention des délégués sur les questions de mobilité. D’autre part, les plans de déplacement d’entreprise pourraient également être utilisés pour susciter le remboursement, par les employeurs, des frais de déplacement en transport en commun pour les déplacements domicile-travail de moins de 5 kilomètres, mesures actuellement bloquées par les employeurs au niveau fédéral.

Par ailleurs les syndicats, en tant qu’interlocuteurs sociaux au niveau des instances de concertation régionales et fédérales, peuvent peser sur plusieurs compétences clés.

Ainsi dans le but de faciliter le transport de marchandises, il importe de sauvegarder des espaces urbains destinés à la logistique dans les plans d’aménagement du territoire et d’encourager l’usage de services de logistique facilitant l’acheminement de marchandises par des véhicules non polluants et non encombrants, notamment via l’implantation de centres de distribution urbains (CDU) et de centres de logistique multimodaux.

Au niveau de la coopération interrégionale il faut envisager un plan mobilité à l’échelle métropolitaine. Cela implique de mettre en place de manière effective la communauté métropolitaine prévue par la 6e Réforme de l’état. La principale compétence de cette organe de concertation devra être de mettre en œuvre une politique de mobilité, mais également une politique d’aménagement du territoire et une politique économique qui soient coordonnées à l’échelle des trois régions. Un tel organe de concertation pourrait permettre un accord entre les sociétés de transports régionales (TEC STIB et De lijn) pour une tarification unique sur tout le territoire métropolitain, modulée en fonction de la zone, mais aussi une connexion du réseau de tram de de lijn « brabantnet » autour de Bruxelles avec celui de la STIB. De plus il pourrait aider à améliorer la cohérence entre les différents niveaux de pouvoir et, entres autres, faire avancer le projet de RER.

Finalement et de manière transversale, la FGTB estime que le coût de la transition vers une économie bas carbone doit être réparti équitablement. Il n’est pas acceptable que la lutte contre le réchauffement climatique se fasse au détriment des couches les plus précaires de la population, comme cela a pu se voir par exemple avec la hausse des taxe sur le carburant.