25 septembre 2020

Une nouvelle réforme de l’Etat ? Plus au détriment des travailleurs !

Au moment de rédiger ces lignes, les négociations concernant la formation d’un nouveau gouvernement fédéral sont toujours en cours. Qu’elles aboutissent ou non, la perspective d’une nouvelle réforme de l’état est remise à l’agenda politique. Sur la table des négociateurs gouvernementaux : une régionalisation accrue, voire une communautarisation des soins de santé mais aussi des éléments du droit du travail comme certains éléments du contrat de travail. Une boîte de Pandore inacceptable pour l’ensemble du monde du travail et pour les travailleuses et travailleurs bruxellois en particulier.

Tenir compte des erreurs du passé…

La dernière réforme de l’état a déjà porté gravement atteinte à la solidarité entre les travailleuses et travailleurs du Nord, du Sud et du centre du pays, au travers notamment de la régionalisation des allocations familiales. Aujourd’hui, force est de constater que la mise en œuvre de quatre systèmes différents (dans les trois régions plus la Communauté germanophone) n’a apporté aucune plus-value sociale. Au contraire, elle génère des coûts de gestion supplémentaires et crée des inégalités infondées et qui désolidarisent les travailleurs des trois régions !

Une nouvelle réforme institutionnelle, portant sur de nouveaux pans de la solidarité comme les soins de santé et les contrats de travail engendrerait de facto le démantèlement d’autres droits sociaux. Ce que les forces libérales n’ont pas réussi à pleinement réaliser au niveau fédéral risque de se concrétiser par le biais de cette réforme, en créant des sous-nationalités dans les entreprises et en soumettant les droits sociaux des travailleurs à rude concurrence.

Les mêmes droits sociaux pour tous, quel que soit le domicile !

Il est important de rappeler que Bruxelles est une région enclavée, trait d’union entre Flandre et Wallonie. Ce qui signifie aussi que ses frontières ne sont pas « étanches » en particulier en matière de soins de santé.  Or, actuellement, chaque citoyen a le droit de choisir librement l’hôpital et le médecin qui le soigne.  Avec un régionalisation ou communautarisation plus poussée des soins de santé, francophones ou néerlandophones, navetteurs ou résidents bruxellois risqueraient de ne plus avoir le même accès aux soins, voire aux mêmes remboursements de ces soins.  Sans parler des risques d’imbroglio administratif…

De plus, au cours des réformes précédentes, les transferts de compétences du fédéral vers les régions et communautés se sont traduites dans les faits, et particulièrement à Bruxelles, par un définancement des politiques concernées. Tout cela au détriment de la sécurité d’existence et du pouvoir d’achat des Bruxellois.

Non au dumping social

Depuis les réformes institutionnelles précédentes, on assiste déjà à des différences de pouvoir d’achat entre les travailleurs des différentes régions, y compris entre ceux occupés dans la même entreprise. Cela découle des mesures fiscales ou autres primes régionales et engendre des différences de traitement, voire un dumping social, inacceptable de facto.

Une régionalisation du contrat de travail serait elle aussi dangereuse. Au motif que le travail de nuit ou le régime des heures supplémentaires devraient être différenciés entre Bruxelles, la côte ou Durbuy,  les Régions se saisiraient de ces nouvelles possibilités pour tenter d’attirer ou retenir  les entreprises sur leur territoire. Cette nouvelle forme de concurrence interrégionale tirerait immanquablement les conditions de travail vers le bas, au détriment de tous les travailleurs du pays.

Pour un fédéralisme de coopération

La FGTB Bruxelles reconnaît le fait régional. La Région de Bruxelles-Capitale est ainsi devenue une région à part entière qui s’appuie sur une concertation entre interlocuteurs sociaux,. Toutefois, la dynamique et le fait régional doit aller dans le sens du progrès social et non d’une division et d’un affaiblissement des travailleurs. L’exercice des compétences régionales doit s’inscrire irrémédiablement dans un fédéralisme de coopération et non de concurrence comme c’est le cas depuis les précédentes réformes de l’état.

Ensemble, on est plus fort, telle est la devise de la FGTB. C’est précisément le contraire que nous fait craindre une  future réforme ! Ce serait une aventure dangereuse où, quoi qu’il arrive, tous les travailleurs seraient perdants ! C’est pourquoi, nous resterons unis pour empêcher le démantèlement de nos systèmes fédéraux de solidarité et de droit du travail.