20 mars 2018

Journée internationale pour l’élimination de la discrimination

Blagues racistes, discours xénophobes, discriminations : faudrait-il, finalement, tolérer « une certaine dose » de racisme ?

Chaque année, depuis 1966, le 21 mars célèbre la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale. Cette date fut choisie en mémoire de ce jour de 1960 où, à Sharpeville (en Afrique du Sud), la police a ouvert le feu et tué 69 personnes lors d’une manifestation pacifique contre l’apartheid…

En Belgique, c’est depuis la loi de 1981 que l’incitation à la haine raciale est un délit punissable. Cependant, malgré toutes les condamnations (morales, politiques, légales), malgré les sanctions judiciaires, le racisme se perpétue et se développe. Bref, si les « races humaines » n’existent pas (tous les scientifiques sérieux vous le diront), le racisme, lui, existe bel et bien ! Mais si le racisme est si tenace et semble bel et bien être banalisé, ne serait-ce pas qu’il remplit des fonctions bien utiles à certains ?

Trois articles récemment publiés par la Centrale culturelle bruxelloise et le CEPAG analysent le phénomène du racisme sous plusieurs angles. Le premier aborde l’histoire du racisme : a-t-il toujours existé ? ou est-ce une construction sociale et est-il lié à certains contextes ? Le deuxième article se penche sur ses mécanismes psychologiques et sociaux. Le troisième article en examine les fonctions.

1) « Racisme au cœur des luttes syndicales (1/3) : Brève histoire du racisme »,

2) « Racisme, au cœur des luttes syndicales (2/3) : les moteurs psychologiques et sociaux du racisme »,

3) « Racisme, au cœur des luttes syndicales (3/3) : le racisme a-t-il des fonctions sociales ? »

Le racisme se base sur ce qu’on peut appeler une véritable croyance : celle de la supposée existence de « races » humaines (pures, de surcroît). Les idées de pureté, de « races » humaines sont fausses et dangereuses. Les « races » sont un concept d’élevage (d’animaux) ; elles sont obtenues par métissages méticuleusement contrôlés. Tous les êtres humains sont des Homo Sapiens, de l’espèce humaine, la seule existante aujourd’hui, et tous, nous partageons cet ADN commun. Néanmoins, le mythe des prétendues races demeure solidement ancré dans les imaginaires. Le racisme survit-il à toutes les déconstructions, à toutes les condamnations voire même, absorbe-t-il la critique ?

Personne ne naît raciste. Le racisme est un conditionnement, qui nous vient, certes, de très loin, mais il s’agit bel et bien d’un phénomène construit socialement, et non d’une manifestation « naturelle ». Si la xénophobie existe – sans doute – depuis qu’existent les groupes humains, le racisme pourrait être défini comme la théorisation et la justification de la prétendue supériorité de certains groupes sur d’autres. Ces théories racistes se sont donné des allures scientifiques depuis le 18ème , 19ème siècles, et ont servi à justifier la colonisation, l’esclavage et l’exploitation. Ce sont ces théories pseudo-scientifiques racistes qui ont engendré l’idée des races, et non l’inverse. C’est à cette époque que se développe la grande accumulation des richesses par les classes dominantes des nations colonisatrices. Le racisme n’est cependant pas l’apanage des Européens. Le phénomène existe aussi entre non-occidentaux, et n’est pas toujours suscité par les occidentaux. Bien entendu, l’impérialisme occidental a largement contribué à son développement. Il est probable que tant qu’il existera des mécanismes de domination, il y aura des idéologies pour les justifier. Le racisme d’hier, comme celui d’aujourd’hui, permet de justifier les avantages réservés à certains et la distribution des désavantages aux autres. Ainsi, le racisme est-il bien utile à un système-monde inégalitaire…

Les discriminations raciales ont des conséquences graves en termes de viol des droits fondamentaux. De plus, le racisme divise les travailleurs à peu de frais. Enfin, le racisme permet de détourner l’attention des questions sociales de répartition des richesses, en donnant des réponses et des explications identitaires (ou « culturelles ») simplistes.

A la FGTB Bruxelles, on peut se former à l’antiracisme, notamment au sein du groupe Réagis. On peut aussi être accompagné en cas de discrimination, notamment lorsque celle-ci est basée sur des critères dits ‘raciaux’. Par ailleurs, la campagne Racism Game Over, menée en front commun syndical, organise un Forum pour les délégués syndicaux, le 21 mars 2018 (sur inscription), et propose tout au long de l’année des outils en entreprise, comme la « Déclaration Entreprise sans racisme » : un engagement syndical fort, celui de ne jamais banaliser le racisme !