Campagne TAM-TAM – Stop à la dérive néo-libérale
«En trois, ans, nous n’avons pas réformé le pays, on a fait plus que ça: on l’a transformé! En changeant notre modèle fiscal, notre modèle économique…».
Dans une interview à un journal de la Capitale, le Premier ministre Charles Michel reconnaît sans peine que sa politique va plus loin que de simples réformes. Et c’est justement ce qu’on lui reproche: sa politique est en train de faire glisser le pays vers un modèle néo-libéral qui détricote les solidarités, appauvrit les petites gens, favorise les gros revenus, démantèle les services publics pour faciliter leur privatisation. En lançant une campagne de sensibilisation contre «l’emprise néo- libérale» sous l’appellation TAM TAM, pas moins de 72 associations représentant la société civile Progressiste se mobilisent.
Parmi les secteurs les plus importants et les plus malmenés: la sécurité sociale et les soins de santé en particulier. C’est pour cette raison que le thème de la sécu et de la santé ont été choisis par une série d’associations de la société civile comme lancement d’une campagne de sensibilisation sous le thème: «comment sortir de l’emprise néo- libérale?».
Parmi les signataires de cette plateforme: les mutualités socialiste et chrétienne, les syndicats FGTB et CSC, les associations citoyennes comme Tout Autre Chose, le Réseau Wallon de lutte contre la pauvreté, mais aussi à titre individuel des intellectuels, des universitaires, des représentants d’associations progressistes de tous horizons. Tout Autre Chose, par exemple lance un appel à rejoindre la plate-forme en ces termes : «Nous, femmes, hommes, jeunes et moins jeunes, avec ou sans emploi, parents, profs ou élèves, artistes, appelons aujourd’hui à prendre le chemin de la confiance et de la solidarité! Nous voulons construire une démocratie où le citoyen ne soit plus à la merci des lobbys et du pouvoir de l’argent, où chacun puisse se faire entendre. Nous croyons qu’il ne suffit pas de résister, de défendre les acquis, de préserver un modèle de société essoufflé.
Que c’est d’un vrai débat démocratique que surgiront les alternatives. Qu’il faut bâtir tout autre chose. Qu’il faut intensifier le débat citoyen pour créer notre avenir commun. Que c’est dans l’exercice de nos droits que nous construirons notre bien-être partagé. Que seul le renforcement des liens sociaux nous permettra de faire face aux défis que pose notre société multiple et bigarrée. Que nous n’avons pas de problème budgétaire, mais un problème fiscal. Que l’on ne peut poser la question de la pauvreté sans poser celle des inégalités sociales et de genre. Que parler de bien-être partagé n’a de sens que si nous prenons en compte celui du reste du monde et celui des générations futures, sans oublier que la planète a des ressources limitées. Qu’une réelle justice fiscale est possible et que nous pouvons assurer une transi- tion écologique tout en garantissant la justice sociale.»
La première vague de cette cam- pagne dénonce la dérive néolibérale en matière de soins de santé: les économies budgétaires drastiques et récurrentes font grimper le coût de la santé pour les patients et ouvrent la voie d’une privatisation du secteur et d’une médecine à deux vitesses.
Un clip vidéo explique tout cela sur https://www.campagnetamtam.be/ fr-santevideo
Suivront les thématiques de la Justice devenue misérable et du travail devenu intenable.
La santé malade de l’austerité
Selon une enquête menée auprès des membres de Solidaris en 2014, une personne sur cinq en Wallonie déclare avoir renoncé à des soins de santé ou à des médicaments pour une question d’argent. Et les reports de soins augmentent d’année en année malgré les dispositifs de la sécurité sociale: remboursement préférentiel Omnio, visite chez le généraliste à 1€, maximum à facturer, tiers–payant, dossier médical global…
C’est que remboursement préférentiel ou pas, il faut d’une façon ou d’une autre y aller de sa poche et la facture santé à charge des patients ne cesse d’augmenter. En cause l’augmentation du ticket modérateur supposé « responsabiliser » les patients et dont le premier effet est d’augmenter la charge financière des soins de santé à charge des malades. Certains préfèrent donc se passer de soins ou attendre des jours meilleurs.
Les remboursements de médicaments ont été diminués, notamment pour les antibiotiques et les anti-inflammatoires… La part du patient dans le prix de sa santé est passée en 20 ans de 10% à 25% soit en moyenne un coût de 800€ par an par patient.
Budgets réduits recettes minées
Finalement la sécu n’y gagne rien car l’état de santé des patients s’en ressent et les économies sur les dépenses en première ligne se paient plus cher en deuxième ligne, c’est-à-dire en médicaments et en hospitalisation. La faute aux économies budgétaires dans la sécurité so-ciale. La santé rep résente un gros budget qui constitue donc une cible pri vilégiée dès qu’il faut faire des économies. Le gouvernement Michel n’est pas celui qui a ouvert le bal mais force est de constater que depuis qu’il est en place, la tendance s’est méchamment accentuée.
Selon les calculs des services d’études des mutualités chrétiennes et de smutualités socialistes, sur la période 2015-2018 les budgets de la santé ont été rabotés de 1,5 milliards d’euros. A cela il faut ajouter 224 millions € d’économies hors objectif budgétaire. Soit au total, 1,7 milliards € d’économies nettes à l’horizon 2019.
Mais pour déterminer la contribution de l’Assurance soins de santé à l’assainissement budgétaire, il faut ajouter la limitation de la marge de croissance autorisée de 3% qui avait été fixée par le gouvernement précédent à 1,5 voire 1% et les dépenses à politique constante, soit 1 milliards €.
On arrive donc à une contribution de l’assurance soins de santé à l’assainissement budgétaire de 2,8 milliards€ sur la législature.
Non seulement le gouvernement procède à des économies drastiques dans les budgets de la santé mais il n’a cessé de miner les recettes de la sécu.
1°) en réduisant les cotisations sociales des employeurs. Avec le tax-shift, les cotisations employeurs sont passées de 32,25% à 25%. Les contrats précaires du genre flexi-jobs ou le projet toujours en discussion de permettre un gain de 500€ par mois libres de toute retenues fiscales ou cotisations sociales sont autant de mesure qui réduisent la base de financement de la sécurité sociale.
Le résultat: la porte ouverte aux privatisations et à une médecine à deux vitesses
Un système de santé qui ne couvre pas bien les risques devient un système de santé à deux vitesses: ceux qui peuvent se payer une assurance complémentaires ou bénéficier via leur employeur d’une couverture santé complète seront bien soignés. Ils pourront se permettre des hospitalisations en chambre individuelle om les suppléments d’honoraires sont jusqu’à 300%. A ce tarif on est naturellement aux petits soins pour vous. Ceux qui n’ont que les services de base seront moins bien soignés ou renonceront à certains soins.