Plan Climat : « Bruxelles est une nouvelle fois désavantagée »
Un nouveau marché du carbone européen va bientôt faire grimper les factures d’énergie. À partir de 2027, le système ETS2 s’appliquera au chauffage et au transport routier. Résultat : le gaz, le mazout, l’essence et le diesel coûteront plus cher, avec un impact particulièrement lourd pour les ménages les plus précaires.
Pour en atténuer les effets, l’Europe a mis sur pied un Fonds social pour le climat, destiné à soutenir les ménages vulnérables et à financer des mesures de transition. La Belgique recevra 1,66 milliard d’euros sur la période 2026–2032, complétés par un cofinancement national.
Les gouvernements fédéral et régionaux se sont récemment mis d’accord sur la répartition de cette enveloppe :
la Flandre recevra 43,42 % (environ 961 millions d’euros),
la Wallonie 32,95 % (environ 729 millions d’euros),
Bruxelles 10,50 % (232 millions d’euros),
et le niveau fédéral 13,13 % (291 millions d’euros).
Derrière ces pourcentages se joue une question de justice sociale : Bruxelles reçoit une part nettement inférieure par rapport à ses besoins réels. Explications avec Florence Lepoivre, Secrétaire générale de la FGTB Bruxelles.
Pourquoi cette répartition est-elle problématique pour Bruxelles ?
Florence Lepoivre : Bruxelles reçoit 10,5 % de l’enveloppe, alors qu’elle représente 10,6 % de la population belge. Sur le papier, cela peut sembler équilibré. Mais si l’on regarde les besoins réels, on voit que 14,8 % des “clients protégés” – des ménages en difficulté de paiement énergétique – vivent à Bruxelles.
Ce sont précisément ces publics que le Fonds social climat est censé soutenir en priorité.
Quelle différence cela représente-t-il concrètement ?
Florence Lepoivre : Si la répartition avait été basée sur le nombre de clients protégés plutôt que sur une clé principalement démographique, Bruxelles aurait reçu environ 4,5 millions d’ euros supplémentaires.
Et je ne parle ici que de la répartition du Fonds social climat. Nous craignons que les recettes générées par l’entrée en vigueur du système ETS2 en 2027 – entre 5,4 et 7,6 milliards d’euros pour la Belgique – soient elles aussi réparties selon une clé démographique.
Dans ce cas, des dizaines de millions d’euros pourraient échapper à Bruxelles chaque année.
Les besoins sont pourtant particulièrement importants à Bruxelles…
Florence Lepoivre : Oui, et ils sont très documentés. Le bâti bruxellois est très ancien : selon Statbel, seuls 7 % des bâtiments bruxellois ont été construits après 1981, contre 23 % en Wallonie et 34 % en Flandre.
Il est aussi très énergivore. En 2023, le chauffage des bâtiments représentait 55 % des émissions directes de gaz à effet de serre à Bruxelles. À titre de comparaison, les ménages ne représentaient que 11 % des émissions en Flandre et 15 % en Wallonie, derrière l’industrie qui reste la source principale d’émissions dans ces 2 régions. Cette différence est directement liée au caractère urbain de la Région de Bruxelles-Capitale.
Cette réalité se reflète déjà dans les budgets régionaux : en 2024, le gouvernement bruxellois a dépensé 135 millions d’euros en primes Renolution, soit presque le double des 69 millions initialement prévus. Cela montre à quel point les besoins sont importants sur le terrain.
Pourquoi cette situation se répète-t-elle souvent pour Bruxelles ?
Florence Lepoivre :Souvent, les clés de répartition sont simplement liées à la démographie et ne tiennent pas compte des réalités bruxelloises, qu’elles soient sociales, économiques ou territoriales. Ignorer ces spécificités, c’est créer des déséquilibres qui se répètent dossier après dossier.
La lutte contre le réchauffement climatique ne fait pas exception : la spécificité de Bruxelles par rapport aux deux autres Régions n’est pas prise en compte. La capitale connaît davantage de précarité, un parc de logements plus vétuste et mal isolé et une population urbaine qui sera à terme, particulièrement exposée aux effets de la tarification carbone.
La transition risque donc d’alourdir la facture sociale pour les Bruxellois…
Florence Lepoivre : Oui, très clairement. Moins de moyens, c’est moins de soutien public, donc moins de rénovations et des factures énergétiques qui continueront à augmenter. Si Bruxelles reçoit une part trop faible des fonds alors qu’elle concentre davantage de précarité, on risque d’aggraver les inégalités sociales au lieu de les réduire. C’est une véritable fracture sociale qui se dessine.
Peut-on encore inverser la tendance ?
Florence Lepoivre : Les négociations ne sont pas totalement closes. D’autres éléments doivent encore être répartis, notamment les recettes de l’ETS2. C’est un moment clé pour défendre une répartition plus juste.
Mais l’accord conclu pour le Fonds social climat donne déjà une idée de la direction prise… Si rien ne change, Bruxelles va devoir affronter la transition climatique avec des moyens structurellement insuffisants, alors même qu’elle concentre une grande partie des ménages les plus vulnérables et dispose d’un bâti particulièrement ancien.
Le gouvernement bruxellois doit donc se battre pour faire reconnaitre les spécificités et les besoins de Bruxelles, c’est essentiel pour Bruxelles et les Bruxellois, dans ce dossier comme dans beaucoup d’autres.
La justice confirme le moratoire hivernal à Bruxelles : une avancée essentielle pour le droit au logement
Ce jeudi 9 octobre, la Cour constitutionnelle a rejeté le recours introduit par le Syndicat National des Propriétaires et Copropriétaires (SNPC) contre l’ordonnance « expulsions » et le moratoire hivernal en Région bruxelloise.
Cette décision constitue une victoire importante pour la défense du droit au logement, en particulier pour les ménages les plus vulnérables.
La FGTB Bruxelles, aux côtés de la plateforme logement (Fébul, IEB, MOC, Équipes populaires, CSC, RBDH, Syndicat des Locataires et Loyers Négociés), a soutenu activement la procédure en justice. Ensemble, nous avons contribué à défendre une avancée majeure : l’interdiction des expulsions domiciliaires entre le 1er novembre et le 15 mars, tout en prévoyant un mécanisme d’indemnisation pour les propriétaires.
Cette victoire rappelle qu’un logement décent est un droit fondamental, et non une variable d’ajustement. La FGTB Bruxelles continuera à se mobiliser pour que ces protections soient pleinement appliquées et renforcées.
Séminaire d’actualité sociale – AIP, secteurs, entreprise : qu’est-ce qu’on peut encore négocier ?
Le gouvernement « Arizona », sous la pression du patronat, affiche clairement sa volonté de reconduire le blocage des salaires, balayant une fois de plus la concertation sociale d’un revers de main.
En 2027, il vise l’indexation automatique des salaires, en exigeant une révision. Autrement dit, c’est la négociation interprofessionnelle elle-même qui est affaiblie.
Ce séminaire posera une question centrale : que restera-t-il à négocier demain à l’AIP, dans les secteurs et les entreprises ?
Face à une offensive qui cherche à isoler les travailleur·euses, affaiblir les conventions collectives et renforcer le pouvoir patronal, il est plus que jamais temps de défendre notre force : l’unité et l’action collective.
Quand ? Le vendredi 17 octobre de 9 à 13h
Où ? Auditorium – Rue de Suède 45 à 1060 Saint Gilles
Justice sociale, justice écologique : un même combat – Les interventions du séminaire d’actualité sociale du CEPAG Bruxelles
Face à l’urgence climatique, limiter le réchauffement à 1,5°C nécessite une transformation profonde de nos systèmes de production et de consommation. Pourtant, les discours dominants – gouvernements et patronats – culpabilisent les individus au lieu de s’attaquer aux causes structurelles.
Ce séminaire propose d’articuler justice sociale et justice écologique : un même combat. Changeons de cap pour protéger à la fois la planète et les droits des travailleurs.
Les interventions des séminaires d’actualité sont disponibles sur la chaîne YouTube du CEPAG Bruxelles.
Chômage : que faire si l’ONEM vous envoie une lettre d’exclusion ?
Depuis la mi-septembre 2025, l’ONEM a entamé l’envoi progressif des courriers annonçant la fin du droit aux allocations de chômage.
Ces lettres concernent directement des milliers de Bruxellois·es et sont envoyées par vagues, selon la durée du chômage de chacun·e. Elles sont adressées par courrier postal mais aussi via l’eBox.
Si vous recevez une lettre de l’ONEM,il est essentiel d’agir rapidement et de vous informer sur vos droits ainsi que sur les démarches à entreprendre.
Toutes les infos pratiques sont sur notre site
La réforme est encore en cours de mise en place et les informations transmises par les institutions concernées (ONEM, Actiris, Bruxelles Formation, CPAS…) évoluent régulièrement.
La FGTB Bruxelles rassemble toutes ces données et met à jour son site en continu dans un menu spécifique :
consultez-le régulièrement pour avoir les dernières infos fiables !
Vous y trouverez :
un calendrier clair des vagues d’exclusions (qui perd son droit et quand)
les démarches à entreprendre (accompagnement vers l’emploi, formations, CPAS, incapacité de travail…)
des infos pratiques sur les séances d’information collectives que nous organisons
la marche à suivre pour introduire un recours avec l’accompagnement de la FGTB Bruxelles
La FGTB Bruxelles est à vos côtés pour vous informer, vous conseiller et vous défendre.
Reconstruire une conscience de classe – Les interventions du séminaire d’actualité sociale du CEPAG Bruxelles
Ce séminaire vise à redonner aux travailleur·euses la conscience de leur rôle central dans la production de richesse.
Sans elleux, rien ne se crée et sans conscience de classe, aucun combat ne peut être gagné.
Face à une bourgeoisie qui cherche à effacer la lutte des classes, le mouvement ouvrier doit raviver cette conscience pour avancer.
Revaloriser la fierté de classe est un enjeu stratégique.
Les syndicats y jouent un rôle essentiel, bien au-delà des revendications économiques.
Les interventions des séminaires d’actualité sont disponibles sur la chaîne YouTube du CEPAG Bruxelles.
Action carton rouge pour Israël : plus de 120.000 personnes dans les rues de Bruxelles
Plus de 120 000 manifestant.es ont parcouru les rues de Bruxelles pour exprimer leur solidarité avec le peuple palestinien et dénoncer le génocide en cours à Gaza.
Un carton rouge a été adressé au gouvernement israélien, mais aussi aux dirigeants belges et européens leur manque de courage politique. Leur message était unanime : le droit d’un peuple à exister ne se négocie pas. Il faut des sanctions dissuasives, une reconnaissance pleine et entière de la Palestine sans compromis, et la justice pour les victimes des crimes de guerre.
52 milliards d’argent public aux entreprises… un capitalisme sous perfusion ?
A qui profite l’argent public ? Pas ceux qu’on croit…
Quand le gouvernement Arizona parle de « charges », de « réformes » ou d’économies budgétaires, ce sont toujours les mêmes qui sont visés : les chômeurs, les allocataires sociaux, les services publics.
Mais une note du réseau Éconosphères – publiée fin mai – remet les pendules à l’heure. Elle révèle qu’en 2022, les entreprises privées lucratives ont reçu 51,9 milliards d’euros d’argent public.
C’est énorme.
A titre de comparaison, cela représente près de 18 % des dépenses publiques, plus de 9 % du produit intérieur brut, et plus de dix fois le coût des allocations versées aux chômeurs complets indemnisés.
Autrement dit : l’État dépense beaucoup plus pour soutenir les entreprises que pour indemniser les personnes privées d’emploi.
Des milliards d’aides, souvent sans condition
Ce soutien prend de nombreuses formes : des subsides salariaux, des réductions de cotisations sociales patronales, des exonérations fiscales sur les bénéfices, des aides à l’investissement, des réductions d’accises, etc.
En réalité, une grande partie des emplois du secteur privé sont financés, en partie, par de l’argent public. On est loin du récit d’un marché « libre » où les entreprises se débrouilleraient seules, on assiste plutôt à un capitalisme sous perfusion…
L’État joue le rôle d’actionnaire… sans les droits
Plusieurs économistes parlent aujourd’hui d’un “État-actionnaire silencieux”. L’État injecte des milliards dans les entreprises, comme un actionnaire le ferait, mais sans obtenir de droit de regard, sans exiger de garanties, sans récupérer de dividendes.
Pendant ce temps, les entreprises touchent ces aides sans obligation réelle de créer ou de maintenir des emplois, ni d’améliorer les conditions de travail, ni de contribuer à la transition écologique.
Cherchez l’erreur…
Et quand elles licencient, comme ce fut le cas chez Audi à Forest, c’est encore la collectivité qui paie les pots cassés.
Qui va payer la note ?
La Belgique doit faire 27 milliards d’euros d’économies dans les années à venir. Cette pression vient directement des règles budgétaires européennes, qui imposent un retour à l’austérité.
Mais au lieu d’aller chercher cet argent là où il est : dans les profits, les dividendes ou la fraude fiscale – le gouvernement s’en prend aux chômeurs et aux politiques sociales.
Les personnes privées d’emploi sont stigmatisées, culpabilisées, sanctionnées.
Les entreprises, elles, continuent à toucher des milliards sans aucune remise en question.
Et pendant ce temps, la fraude fiscale continue de coûter au pays plus de 30 milliards d’euros par an, sans qu’aucun plan sérieux ne soit mis en place pour la combattre.
Ouvrir enfin le débat
Pourquoi ces aides aux entreprises sont-elles si peu discutées ? Pourquoi ne sont-elles ni évaluées, ni conditionnées ? Pourquoi continue-t-on à les verser automatiquement, année après année, alors qu’on coupe ailleurs à la hache ?
Selon Éconosphères, plus de 10 milliards d’euros de subsides salariaux ont été versés en 2022, pour une création nette d’environ 12.000 emplois dans le secteur marchand entre 2022 et 2023 — soit près d’un million d’euros d’argent public par emploi créé.
Quand l’État finance autant l’emploi privé, peut-on encore vraiment parler d’emploi privé ?
Econosphères est un réseau d’organisations et de chercheur·euses, dont la FGTB Bruxelles, qui vise à replacer les enjeux économiques au cœur du débat démocratique.
Métro 3 : un projet hors-sol ?
Alors que les coûts du métro 3 explosent, que les délais de construction s’envolent et que les finances régionales se dégradent, la FGTB Bruxelles demande un arrêt ou une mise sur pause du projet. Elle plaide pour une alternative plus soutenable et exige des garanties pour les travailleuses et travailleurs impactés par l’arrêt du chantier.
Le projet de la future ligne 3 du métro bruxellois, censé relier Evere à Forest, est au cœur d’un débat politique et budgétaire majeur. Son coût a explosé : plus de 4,2 milliards d’euros, dont 3,2 milliards pour le seul axe nord. Et les délais s’allongent… Le tronçon sud, promis pour 2024, ne sera pas achevé avant 2031. Le tronçon nord, initialement prévu pour 2030, pourrait glisser vers 2040.
Dans une Région déjà asphyxiée financièrement, où les besoins sociaux sont criants (logement, santé, emploi, climat…), la poursuite de ce chantier fait peser une hypothèque lourde sur les investissements publics essentiels.
À cela s’ajoutent des incertitudes techniques majeures, notamment autour du Palais du Midi et de la Gare du Nord, et l’absence de solution de financement crédible. Plusieurs pistes sont évoquées – partenariat public-privé, obligations vertes, réforme du financement régional – mais aucune ne répond durablement aux enjeux sans sacrifier d’autres priorités collectives.
Face à cette situation, la FGTB Bruxelles plaide pour une remise à plat du projet et l’examen sérieux d’une alternative crédible : le Prémétro+. Porté notamment par Inter-Environnement Bruxelles, ce scénario s’appuie sur le réseau de trams existant pour améliorer la mobilité : renforcement du tunnel nord-sud, modernisation du matériel, augmentation de la fréquence. Résultat ? Un coût 88 % inférieur au projet métro, des travaux moins lourds, un déploiement plus rapide… et moins d’impact sur les finances régionales.
« Cela ne signifie pas qu’il faille ignorer les enjeux d’emploi » souligne Florence Lepoivre, secrétaire générale de la FGTB Bruxelles, « nous demandons un plan d’accompagnement des travailleurs impactés par l’éventuel abandon du chantier, via la formation, la reconversion et la relocalisation des investissements publics vers d’autres projets qui répondent aux besoins sociaux de la Région et de ses habitants. »
Pour la FGTB Bruxelles, il est également essentiel d’agir sur la mobilité professionnelle. « Les déplacements professionnels deviennent de plus en plus problématiques dans Bruxelles. Nous devrons en faire une priorité partagée du prochain gouvernement et des interlocuteurs sociaux, tant pour le déplacement des habitants et des travailleurs que pour le transport des marchandises. Et nous sommes convaincus que pour être efficace, cette mobilité doit être envisagée à l’échelle métropolitaine » précise Florence Lepoivre.
Stop ou encore ?
« Nous considérons qu’en l’état actuel, la poursuite du métro 3 serait une fuite en avant. N’oublions pas que poursuivre le projet du métro 3 sans financement public solide, c’est sacrifier des politiques sociales essentielles, des services publics déjà à bout de souffle et tout espoir d’une transition juste à Bruxelles. Le futur gouvernement régional devra faire un choix courageux, en se basant sur une évaluation objective de la situation et des alternatives possibles » conclut Florence Lepoivre.
Pour la FGTB Bruxelles, ce projet, pensé il y a plus de 10 ans, hypothèque les réponses à apporter aux urgences d’aujourd’hui.
Retraite à 65 ans : utopie ou nécessité dans une société vieillissante ? Les interventions du séminaire d’actualité sociale du CEPAG Bruxelles
« Comme nous vivons plus vieux, il faut travailler plus longtemps » : cette phrase est-elle juste ?
Sommes-nous condamnés à travailler plus, malgré les limites de notre corps et un travail pénible ?
Le gouvernement Arizona attaque nos pensions : après avoir repoussé l’âge de la retraite à 67 ans, il prévoit un malus pour ceux qui partent avant 66 ans. Ces mesures remettent en cause des droits conquis et posent la question de la légitimité de ces réformes.
Les interventions des séminaires d’actualité sont disponibles sur la chaîne YouTube du CEPAG Bruxelles.