Séminaire d’actualité sociale – Système de santé en danger : comment garantir des soins accessibles à tous ?
La santé devrait être un droit pour toutes et tous.
Pourtant, en Belgique, les hôpitaux sont à bout de souffle, les maisons de repos en crise et le personnel soignant épuisé.
Sous-financement chronique, explosion des coûts, pénurie de personnel : près de 60 % des hôpitaux sont en déficit, poussés vers des coupes budgétaires, des fusions ou des privatisations. Ce modèle met en péril la qualité des soins et les conditions de travail.
À l’inverse, un système public et solidaire, axé sur la prévention et l’accessibilité, est le seul à même de garantir une santé pour toutes et tous. Ce séminaire explorera les dérives actuelles et les alternatives pour le droit à la santé universel.
- Quand ? Le vendredi 5 décembre de 9 à 13h
- Où ? Auditorium – Rue de Suède 45 à 1060 Saint Gilles
- Inscriptions : secretariat-ccb-ep@cepag.be
- Organisateur : CEPAG Bruxelles
Le gouvernement Arizona touche surtout les personnes peu qualifiées et les travailleurs à temps partiel
Alors que le gouvernement Arizona multiplie les attaques contre notre modèle social, l’analyse de Jef Maes rappelle une vérité essentielle : quand on investit dans la sécurité sociale, la pauvreté recule. Sous le gouvernement Vivaldi, grâce aux luttes syndicales et aux revalorisations des minima, des milliers de familles ont enfin pu sortir de la précarité. Mais cette avancée historique est aujourd’hui mise en danger par une coalition qui fait payer la note aux mêmes catégories déjà fragilisées : travailleurs peu qualifiés, femmes, temps partiels, chômeurs de longue durée. Sur base d’une étude du SPF Sécurité sociale, Jef Maes dénonce les conséquences des politiques de l’Arizona sur la pauvreté et plus spécifiquement son impact plus grand sur les peu qualifiés. Une lecture utile pour comprendre ce qui est en jeu dans ce bras de fer social.
Une carte blanche de Jef Maes, ancien secrétaire fédéral de la FGTB
Est-il permis d’avoir enfin une bonne nouvelle ? Selon une étude récente du SPF Sécurité sociale, la Belgique s’en est particulièrement bien sortie durant les années 2019-2024, c’est-à-dire les années du gouvernement Vivaldi. La pauvreté a diminué plus fortement que dans tout autre pays européen (-22,3 %).
Sans la sécurité sociale, un Belge sur quatre serait pauvre. Cela signifie : moins de 1.522 euros par mois pour une personne isolée ou 2.283 euros pour un couple sans enfants. Grâce à notre modèle social, ce taux de pauvreté tombe à 11,3 % — le plus bas depuis le début des mesures et, après la Tchéquie, le plus bas d’Europe. Notre sécurité sociale est donc la plus efficace d’Europe pour réduire la pauvreté.
« Par rapport à notre PIB, nos dépenses sociales n’ont pas fortement augmenté ces dernières années, sauf très brièvement pendant la crise du Covid », explique Natascha Van Mechelen, l’une des chercheuses, dans Knack. « Nos dépenses sociales sont restées globalement stables, mais elles ont été mieux ciblées sur les groupes vulnérables, ce qui a entraîné une baisse de la pauvreté. »
Si l’on regarde les chiffres les plus récents d’Eurostat, on constate en effet qu’en 2022 (derniers chiffres disponibles), la Belgique, avec 27,6 % de son PIB, ne dépense pas plus pour la protection sociale que les autres pays de la zone euro (27,8 %). Ce pourcentage a même légèrement diminué en Belgique entre 2012 et 2022.
Adaptations au bien-être
Comment expliquer alors une telle baisse de la pauvreté ? Cela tient d’abord au fait que les syndicats ont obtenu à partir de 2007 — après plusieurs manifestations — un système d’adaptations au bien-être pour les allocations sociales.
Grâce à ce système, ils ont pu relever tous les deux ans les minima de 2 % en plus de l’indexation. Ils ont aussi pu augmenter le pourcentage pour les personnes isolées malades ou au chômage depuis plus d’un an : de 40 à 55 %, ce qui fait qu’elles tombent moins dans la pauvreté que dans les pays voisins. Ils ont en outre réussi à augmenter les salaires minimums, ce qui explique que la pauvreté parmi les travailleurs (4,3 %) ne représente que la moitié de la moyenne européenne (8,2 %).
En 2019, le gouvernement Vivaldi (social-libéral-écologiste) est arrivé au pouvoir et a relevé les minima. Pour les pensionnés, la ministre des Pensions Lalieux (PS) les a même augmentés de 14 % en plus de l’index. Comme je l’ai déjà écrit : le gouvernement Vivaldi a été le meilleur gouvernement pour la sécurité sociale depuis cinquante ans.
Cela signifie-t-il que nous vivons dans un paradis social ? Certainement pas ! Un point faible important reste le nombre de ménages (quasi) sans emploi. Là, nous faisons mauvaise figure.
Un parent isolé sur quatre est encore en situation de pauvreté. La garde des enfants fait souvent qu’ils ne peuvent se permettre qu’un emploi à temps partiel. Ce sont précisément les travailleurs à temps partiel, surtout des femmes, qui seront les plus touchées par le malus pension que le gouvernement Arizona veut introduire.
La moitié des chômeurs est aujourd’hui déjà pauvre. Avec l’exclusion de 180.000 chômeurs de longue durée, dont plus de 50 000 personnes âgées, la situation se détériorera dramatiquement en 2026.
Personnes peu qualifiées et femmes
Les économies dans le chômage et les pensions frappent principalement les personnes peu qualifiées, qui sont déjà surreprésentées dans la pauvreté (24 %).
De plus, la sécurité sociale n’a pas seulement pour mission de réduire la pauvreté, mais aussi de protéger ton niveau de vie lorsque tu ne peux plus travailler. Cet aspect n’est malheureusement pas abordé par le rapport du SPF Sécurité sociale.
Mais de nombreuses études européennes montrent que nous obtenons de mauvais résultats sur ce point avec nos pensions, et qu’avec les projets de ce gouvernement, nous serons définitivement distancés dans le peloton européen.
Les pensions des travailleurs salariés baisseront de 9,2 % par rapport à leur revenu antérieur. Celles des fonctionnaires de plus de 12 %.
Et cela en supposant encore que les allocations soient adaptées sans interruption au bien-être entre 2025 et 2070.
Dans le cas contraire, c’est la catastrophe qui nous attend.
Sans numéro de compte, pas de pécule de vacances : vérifiez votre situation auprès de l’Office national des vacances annuelles (ONVA)
Chaque année, environ dix mille travailleurs perdent leur pécule de vacances parce que l’Office national des vacances annuelles (ONVA) ne dispose pas de leur numéro de compte bancaire. Or, il n’y a pas de temps à perdre car après trois ans la date butoir est dépassée : le pécule est perdu.
Normalement, l’ONVA verse la prime annuelle de vacances entre mai et juin à un peu plus d’un million de travailleurs, d’apprentis et d’artistes non indépendants. Mais chaque année, le pourcentage de bénéficiaires qui ne reçoivent pas leur paiement oscille autour de 1 %. Cela représente des dizaines de milliers de paiements non effectués pour un montant moyen de 415 euros.
Pourquoi ? Les employeurs ne sont pas tenus de communiquer le numéro de compte bancaire de leurs employés à l’ONVA. En revanche, en tant qu’employé, vous pouvez le faire vous-même par courrier, e-mail, téléphone, au guichet ou en ligne.
Avec 45 % des paiements non effectués, le secteur intérimaire est le plus fortement représenté, suivi du secteur de l’horeca avec 26 % ensuite ceux de la logistique et des titres-services qui représentent environ 5 à 6 % du total.
Ces secteurs se caractérisent souvent par des contrats de courte durée, dont un tiers des personnes concernées n’ont même pas d’adresse postale connue. Par ailleurs, certains travailleurs viennent de l’étranger et certains sont donc rentrés chez eux sans avoir reçu leur pécule de vacances. C’est un public particulièrement difficile à atteindre.
Malgré la difficulté à retrouver ces personnes, l’ONVA prend plusieurs mesures pour restituer l’argent à ses propriétaires légitimes.
• Envoi d’un courrier à la dernière adresse connue ou au dernier employeur connu
• Campagne de communication via différents canaux
Vous êtes concerné.e ? Que pouvez-vous faire ?
Avez-vous travaillé ces dernières années en tant qu’ouvrier, apprenti ou artiste non indépendant ?
En tant qu’intérimaire ou avec un contrat à durée déterminée ?
Dans ce cas, contactez l’ONVA afin de vérifier s’il dispose déjà de votre numéro de compte :
- Vous pouvez joindre l’ONVA par téléphone au 02 627 97 60 (du lundi au vendredi entre 8h et 16h)
- Vous pouvez aussi vous rendre au guichet d’information de l’ONVA à l’adresse suivante :
Rue Montagne aux Herbes Potagères, 48 à 1000 Bruxelles
( Lundi et mardi : de 8 à 12h et de 13 à 16h – Mercredi, jeudi et vendredi : de 8 à 12h)
La Centrale Culturelle Bruxelloise est à la recherche d’un.e Chargé.e de projet web (statut ACS)
La Centrale culturelle bruxelloise (CCB) recherche un(e) chargé de projet web pour promouvoir les activités de la Centrale auprès des bruxellois et du monde associatif (Statut ACS).
L’asbl CCB est un service d’insertion socio-professionnelle et d’éducation permanente.
Nous vous offrons une expérience enrichissante au sein d’une équipe dynamique.
Vous aimez donner vie aux idées.
Vous accompagnez nos équipes dans la création visuelle de supports de communication percutants et inspirants.
Vous concevez et réalisez des projets visuels et web qui valorisent l’organisation et ses actions. Montage vidéo, web, réseaux sociaux… vous jonglez avec les formats et contribuez activement à la stratégie de diffusion digitale.
Vous participez à la mise en œuvre de nos campagnes sur tous les canaux et apportez votre regard créatif pour renforcer leur impact visuel et leur visibilité en ligne.
Profil
- Vous avez suivi une formation des arts de l’image (bachelier)
- Vous connaissez les outils multimédias et vous maitrisez des outils de montage vidéo (des bases du html, du web, de la plateforme de gestion du site, maîtrise CMS,)
- Vous avez une connaissance approfondie de la suite Adobe (Illustrator, In design, Photoshop, Première Pro, After Effects), iMovie et WordPress
- Vous êtes sensible au monde syndical et aux thématiques sociales
- La maitrise de la seconde langue nationale (NL) est un atout.
Compétences
- Excellentes qualités relationnelles
- Technicité du visuel ;
- Disponibilité, dynamisme, ingéniosité, autonomie, créativité et sens de l’organisation
- Diplomatie, curiosité et ouverture d’esprit.
Lieu de travail
Bruxelles (Saint-Gilles)
Qu’offrons-nous?
Un CDI – Temps plein (35h/sem.) – Salaire avec des avantages sociaux.
Statut : ACS
Intéressé.e ?
Faites parvenir votre candidature à l’adresse mail T10RHBxl@fgtb.be
Celle-ci doit comporter CV, lettre de motivation et une réalisation de vos travaux (liens vers vos sites).
L’« appel de novembre » du front commun syndical : trois jours de grève les 24, 25 et 26 novembre
Le 14 octobre dernier, plus de 120 000 personnes sont descendues pacifiquement dans les rues de Bruxelles pour exprimer leur inquiétude face aux mesures du gouvernement Arizona. Le même jour, en front commun, les syndicats ont envoyé une lettre au Premier ministre Bart De Wever et aux vice-premiers ministres. Malgré l’ampleur de la mobilisation , nous n’avons reçu aucune réaction, seulement un silence assourdissant de la part du gouvernement.
Pire encore, le Premier ministre a présenté un menu indigeste lors des discussions budgétaires, qui toucheraient encore durement les familles et les travailleurs : un saut d’indexation, encore plus d’économies sur les pensions, une augmentation de la TVA… Et cela s’ajoute aux mesures précédentes de démantèlement de la sécurité sociale et du marché du travail. Le chaos autour des mesures relatives aux pensions est désormais énorme. Plus de la moitié des femmes de notre pays seront touchées par le malus pension. En matière de flexibilité et de temps de travail, le gouvernement a déjà proposé de nombreuses mesures sévères et injustes.
Une nouvelle étape après la grande manifestation du 14 octobre est nécessaire. Les syndicats prévoient donc, avec l’ « appel de novembre », trois jours de grève les 24, 25 et 26 novembre dans les secteurs public et privé.
Le dimanche 23 novembre, CSC, FGTB et CGSLB appellent à participer massivement à la manifestation nationale Mirabal contre les violences sexistes. Ensuite, le travail sera interrompu :
• Le 24 novembre, les chemins de fer et les transports en commun (TEC, STIB) feront grève
• Le 25 novembre, tous les services publics du pays feront grève
• Le 26 novembre, il y aura une grève nationale interprofessionnelle.
Ces trois jours de grève sont un appel au Premier ministre De Wever et à l’ensemble du gouvernement pour qu’ils mettent fin au démantèlement social. Ces mesures n’ont pas encore été votées, il est donc encore temps de les ajuster !
Les syndicats demandent au Premier ministre De Wever et à l’ensemble du gouvernement qu’ils mettent enfin en œuvre des alternatives convaincantes :plus de justice fiscale avec un impôt sur les grosses fortunes , une taxe sur les activités numériques des géants de la technologie et un examen sérieux des subventions de plusieurs milliards accordées aux entreprises.
Enfin, ils demandent une règle simple selon laquelle chaque salaire est soumis à des cotisations de sécurité sociale, qu’il s’agisse d’une société de management ou non.
En bref, un appel commun en faveur d’une plus grande justice et du rétablissement d’un contrat social solide.
Un appel à rassembler plutôt que de diviser.
Budget fédéral – Pas des « détails à régler », mais des choix sociaux essentiels
Une carte blanche de Jef Maes, ancien secrétaire fédéral de la FGTB
À la veille de la grande manifestation syndicale, Nahima Lanjri (CD&V) a déjà clairement indiqué à la Chambre, à l’adresse du ministre des Pensions Jambon (N-VA), que les personnes malades ne pouvaient pas être discriminées une seconde fois par une réduction de leur pension. « Pour le CD&V, cette période doit être entièrement prise en compte. On ne choisit pas d’avoir, par exemple, la SLA, la sclérose en plaques ou le cancer. » Espérons qu’elle parlait bien au nom du CD&V, et que son vice-premier ministre Van Peteghem défendra cette position avec fermeté cette fois-ci.
Jeudi dernier, à Dilbeek, Conner Rousseau a lui aussi ouvert les yeux. « Ma mère a eu un cancer, » a déclaré le président de Vooruit lors d’une “tournée d’écoute”. « Elle n’a pas travaillé pendant un an, ce qui lui coûtera quatre années de pension. Je ne peux pas l’accepter. »
On peut se demander qui a alors négocié cet accord de gouvernement !
Mais soit : dans le paradis socialiste, il y a de la joie pour ceux qui se convertissent après la grande manifestation. Espérons maintenant que son vice-premier ministre Vandenbroucke traduira ces paroles en actes.
Car le fait que la période de maladie ne soit pas comptabilisée comme période de travail pour éviter la décote sur la pension, ou pour bénéficier de la retraite après 42 ans de carrière, a déjà été approuvé en Conseil des ministres. Mais un “deuxième passage” du projet de loi est prévu : une seconde chance pour les six hommes gris qui composent le kern (le cabinet restreint).
Entre-temps, nous avons toutefois déjà réussi à convaincre le ministre Jambon que ne pas prendre en compte le congé de maternité serait annulé par la Cour de justice européenne, en raison d’une discrimination manifeste entre les sexes.
Droit du travail
Tout le monde parle des pensions. Mais on ignore souvent que le gouvernement Arizona prend aussi des mesures tout aussi graves qui affaiblissent la protection des travailleurs.
Le vice-premier ministre Clarinval (MR) n’exagère pas quand il se vante de mener une « révolution libérale du marché du travail ».
Ainsi, un travailleur d’une cinquantaine d’années, ayant travaillé 29 ans dans la même usine et licencié, ne recevra plus qu’une seule année d’indemnité de licenciement puis risque, au bout de deux ans de chômage, d’être radié et de devoir s’adresser au CPAS.
Mais s’il a un conjoint disposant d’un revenu ou s’il a un peu trop épargné, il n’aura même plus droit au revenu d’intégration. Dans tous les cas, il ne cotisera plus pour ses droits sociaux ni pour sa pension s’il ne retrouve pas de travail à son âge.
Heureusement, il existe encore des lois internationales qui limitent certains excès.
Là où la Belgique était autrefois pionnière en matière de droit social, elle est aujourd’hui souvent rappelée à l’ordre par ces normes internationales.
Ainsi, le Conseil d’État a dû signaler au gouvernement que supprimer les primes de travail de nuit pour les heures avant minuit et après 5 h du matin dans la distribution et les secteurs apparentés viole la convention de l’Organisation internationale du travail (OIT), qui prévoit que les primes pour travail de nuit doivent couvrir au moins sept heures consécutives.
Le Conseil d’État estime par ailleurs que le fait que les nouveaux travailleurs soient beaucoup moins rémunérés que les anciens crée une disparité importante entre travailleurs exerçant la même fonction, et que le gouvernement ne justifie pas suffisamment cette différence.
Même remarque pour les 360 heures supplémentaires annuelles que le gouvernement voudrait instaurer en plus de la semaine de 38 heures. Pour 240 de ces heures, aucune cotisation sociale ne serait due, ce qui signifie qu’elles ne compteraient pas pour la pension.
Le Conseil d’État pense que cela entre en conflit avec la réglementation européenne.
De plus, le fait que les syndicats n’auraient plus à donner leur accord pour ces heures supplémentaires entre aussi en contradiction avec le droit constitutionnel à l’information, à la concertation et à la négociation collective, car cela en réduit la portée.
Ce ne sont pas des “détails techniques” à régler avant d’entamer les discussions budgétaires.
Ce sont des choix de société essentiels.
Ils ont été tranchés au détriment des gens ordinaires dans l’accord de gouvernement et les premiers projets de loi, mais il est encore temps de les corriger.
Pour les chrétiens-démocrates et les socialistes, c’est une tâche essentielle — qu’ils n’ont jusqu’à présent pas suffisamment remplie.
Syndicats et société civile contestent la réforme du chômage devant la Cour constitutionnelle
Le front commun syndical (FGTB, CSC, CGSLB), appuyé par un éventail d’organisations de la société civile, dont la Ligue des droits humains, la Ligue des familles, le BAPN, Soralia, Vie Féminine, introduit ce mercredi 29 octobre une requête en annulation assortie d’une demande de suspension devant la Cour constitutionnelle contre les mesures transitoires de la réforme du chômage et contre le principe même de la limitation dans le temps des allocations.
Cette réforme, portée par le gouvernement Arizona, constitue une offensive sans précédent contre l’un des socles de la sécurité sociale belge.
Elle exclut les publics les plus fragilisés de notre société du droit aux allocations ; et elle le fait sans prévoir de dispositifs d’accompagnement crédibles ni de mécanismes de responsabilisation des employeurs. Pire, elle exclut d’abord les personnes les plus éloignées de l’emploi, ne leur laissant que six mois pour retrouver un travail . Six mois qui, dans les faits, deviennent plutôt trois mois et demi (délai séparant la réception du courrier de l’ONEm envoyé à la mi-septembre et les premières exclusions prévues pour le 1ier janvier 2026)
Sur le plan juridique, la réforme contrevient à plusieurs principes constitutionnels, dont celui de confiance légitime, celui du droit à la sécurité sociale garanti par l’article 23 de la Constitution consacrant le droit de chacun à mener une vie conforme à la dignité humaine ou encore les principes d’égalité et de non-discrimination contenus dans les articles 10 et 11 de la Constitution.
Aucun élément contenu dans l’exposé des motifs de la loi ou dans les éléments de réponses formulés par le ministre Clarinval lors des travaux à la Chambre des Représentants ne peuvent justifier à eux seuls une telle régression. De plus, nous soulevons l’incohérence des arguments pointés par le ministre, comme les contraintes budgétaires (puisque le gouvernement augmente les heures supplémentaires défiscalisés), la stimulation du retour à l’emploi ( puisque le gouvernement favorise les flexi-jobs, accessibles seulement à ceux qui bénéficient déjà d’un emploi) et la volonté d’atteindre un taux d’emploi de 80 % d’ici 2029 (puisque le gouvernement augmentent le quota d’heures de travail étudiant, par définition inaccessible aux demandeurs d’emploi exclus).
La réforme s’en prend de manière plus particulière à des groupes de demandeurs d’emplois dont le retour ou la stabilisation à un emploi stable est soumise à une série d’obstacles, largement documentés : les personnes âgées, les jeunes, les femmes, les personnes souffrant d’un handicap ou d’une inaptitude permanente de travail, des personnes peu qualifiées, etc.
Mais la réforme s’en prend également à des personnes qui travaillent sous contrats (par exemple : des travailleuses et travailleurs ALE, des travailleuses et travailleurs à temps partiel avec allocation de garantie de revenus , des journalistes pigistes, …).
Au-delà des considérations juridiques, cette réforme constitue une rupture du pacte social sur lequel reposent les équilibres socio-économiques de notre société depuis 80 ans. Elle nie les déterminants sociaux de l’exclusion. Elle menace de précariser durablement des dizaines de milliers de personnes, de fragiliser leurs familles, et d’aggraver les inégalités.
C’est pourquoi les syndicats et les organisations de la société civile, unis dans leur attachement aux droits humains, et à la pérennité de notre sécurité sociale, contestent la constitutionnalité d’une réforme précipitée, injuste et contraire aux engagements fondamentaux de l’État belge.
Liste des organisations et associations qui se joignent au recours :
- Ligue des droits humains
- BAPN
- Netwerk tegen armoede
- CSCE
- Hart boven hard
- Ligue des familles
- Solidaris (l’union nationale des mutualités socialistes)
- Vie féminine
- Soralia
- Femma
- Furia
- Jeunes FGTB
- Jeunes CSC
- Jeunes CGSLB/Freezbe
- SAAMO Anvers et Bruxelles
Préserver les ACS, c’est préserver un levier indispensable pour l’emploi et la cohésion sociale à Bruxelles
Carte blanche de la confédération représentative des entreprises à profit social bruxelloises (Bruxeo) et du front commun syndical bruxellois (FGTB Bruxelles, CSC, CGSLB).
Les organisations syndicales et patronales du non-marchand bruxellois appellent les négociateurs bruxellois à garantir la pérennité du dispositif ACS. Le réduire mettrait en péril des milliers d’emplois, affaiblirait les services publics de proximité et compromettrait la capacité de la Région à répondre aux besoins fondamentaux de sa population.
Un levier essentiel pour l’emploi et la cohésion sociale
Chaque jour, des travailleuses et travailleurs assurent la continuité de services essentiels aux Bruxelloises et Bruxellois : puéricultrices, aides-soignants, éducatrices spécialisées, accompagnateurs de personnes en situation de handicap, médiatrices culturelles, formateurs en alphabétisation, travailleurs sociaux, animateurs jeunesse, ouvriers polyvalents de ressourceries… Un même fil rouge relie de nombreux travailleurs de ces métiers indispensables à la société : celui du dispositif ACS – Agents Contractuels Subventionnés.
Ce dispositif permet à la Région de s’appuyer sur des acteurs de terrain pour assurer des missions de service public essentiel, en soutenant un emploi local, utile, durable et non délocalisable, au service des Bruxelloises et des Bruxellois. Aujourd’hui, ces emplois ne sont pas accessoires : ils constituent la colonne vertébrale de centaines de services de proximité indispensables.
Un outil maîtrisé, transparent et rigoureux
Le dispositif ACS fait l’objet de contrôles stricts par Actiris sur base de conventions et de justificatifs mensuels. C’est un système fiable, pilotable et conforme aux exigences de bonne gouvernance.
Le secteur a déjà fait sa part
Depuis dix ans, le dispositif ACS a été ajusté, rationalisé et contrôlé : les taux de subvention ont été réduits, les avances ont été supprimées, les dérogations restreintes. Réduire encore ce dispositif, c’est briser un équilibre déjà fragile.
Nous sommes conscients des défis budgétaires auxquels est confrontée la Région bruxelloise. Mais réduire l’enveloppe ACS ne réduirait pas le déficit – cela ne ferait que déplacer le problème.
Les conséquences seraient immédiates et multiples :
- fermeture de services d’accueil, de soins, d’insertion, de soutien aux familles… licenciements massifs dans le secteur non marchand (environ 7.000 emplois concernés)
- augmentation mécanique du chômage et des dépenses sociales
- précarisation accrue des travailleurs et des publics déjà fragiles.
Concrètement, ces coupes auraient des répercussions directes et immédiates sur le terrain : chaque poste supprimé représenterait non seulement un emploi perdu, mais aussi des centaines de bénéficiaires privés d’un service, des projets suspendus et des quartiers fragilisés.
Nos demandes
Nous appelons le futur gouvernement bruxellois à :
- garantir la pérennité de l’enveloppe ACS et s’engager à ne pas la réduire,
- maintenir le système actuel d’indexation des primes ACS, afin qu’elles suivent l’indexation des salaires et garantissent la stabilité financière, la rétention et le recrutement des équipes,
- consolider le caractère transversal du dispositif ACS, pour qu’il reste accessible à tous les secteurs et soutienne de manière cohérente l’ensemble de la politique d’emploi régionale,
- reconnaître et valoriser les emplois ACS comme des emplois d’intérêt général, indispensables au bon fonctionnement de la Région.
Les ACS ne sont pas une dépense, mais un investissement stratégique : dans l’emploi local, dans les services essentiels de proximité, dans la cohésion sociale et dans la résilience économique de Bruxelles.
Soutenir le dispositif ACS, c’est garantir la capacité de la Région à répondre aux besoins fondamentaux de ses habitants.
Thatcher avait tort, il y a toujours un choix, monsieur De Wever
Est-il normal que les 1 % les plus riches paient proportionnellement deux fois moins d’impôts que la moyenne des contribuables ?
Bert Engelaar est secrétaire général de la FGTB, Els Hertogen est directrice de 11.11.11, Eva Smets est directrice d’Oxfam Belgique, Joeri Thijs est porte-parole de Greenpeace Belgique et Ann Vermorgen est présidente de la CSC.
Ils affirment qu’il existe bel et bien des alternatives à la frénésie d’austérité de De Wever.
Alors que le gouvernement prépare de nouvelles mesures d’austérité drastiques qui toucheront la classe moyenne et les plus vulnérables, le Premier ministre Bart De Wever cite la célèbre phrase de Margaret Thatcher : « There is no alternative ». Mais l’histoire comme l’économie montrent qu’il existe bel et bien d’autres voies — plus justes et plus intelligentes.
En citant Thatcher pour justifier ses économies, De Wever ressuscite un slogan des années 1980.
Un slogan qui a servi à imposer des politiques néolibérales ayant conduit à une explosion des inégalités et de la pauvreté, à la destruction des services publics, et à une dérégulation au profit des multinationales et des plus riches.
Est-ce vraiment le modèle que la Belgique veut suivre ?
Affirmer qu’il « n’y a pas d’alternative » témoigne d’un manque de vision — et d’un mépris envers toutes celles et ceux qui travaillent, soignent ou enseignent, et qui subiront les conséquences de ces coupes budgétaires.
Le 14 octobre, 140.000 personnes ont défilé dans les rues de Bruxelles pour rappeler que la solidarité, les services publics, le climat et la sécurité sociale ne sont pas des variables d’ajustement.
La Belgique mérite mieux que des recettes idéologiques d’un autre siècle.
Les bénéfices d’une politique sociale
En Belgique, 2,1 millions de personnes risquent la pauvreté ou l’exclusion sociale.
Et pourtant, le gouvernement Arizona choisit aujourd’hui de s’attaquer à nos pensions, à notre temps de travail, aux soins de santé, aux femmes, aux demandeurs d’emploi, aux malades et aux personnes vulnérables.
Rétablir l’équilibre budgétaire sur le dos des plus fragiles est un très mauvais plan, à la fois socialement et économiquement.
Les personnes aux revenus les plus faibles n’investissent pas leur argent dans des fonds spéculatifs ou des paradis fiscaux.
Elles le dépensent en biens et services, le réinjectant directement dans l’économie réelle.
Soutenir cette consommation, c’est soutenir le commerce local et l’emploi.
En réduisant leurs revenus, comme le fait le gouvernement, on pousse les gens au bord du gouffre.
On les force à restreindre leurs dépenses essentielles : chauffage, alimentation, vêtements.
Les politiques d’austérité appauvrissent les plus vulnérables, mais elles finissent par nuire à toute la société et à l’économie.
Pourquoi le gouvernement refuse-t-il obstinément de demander une contribution équitable aux plus riches ?
Ils épargneraient un peu moins, sans que leur niveau de vie en soit affecté.
Un système fiscal plus progressif renforcerait à la fois la justice fiscale et la stabilité économique.
Est-il normal que le 1 % le plus riche paie proportionnellement deux fois moins d’impôts que la moyenne des contribuables ?
Est-il normal que la fraude et l’évasion fiscales coûtent 30 milliards d’euros par an ?
Des choix politiques
Le Bureau du Plan a pourtant calculé qu’un impôt sur la fortune des millionnaires pourrait rapporter 4,7 milliards d’euros de recettes fiscales.
Investir cet argent dans les soins de santé, des pensions décentes, la transition climatique, la solidarité internationale et la protection sociale n’est jamais de l’argent perdu.
C’est un investissement dans une société plus résiliente, plus équilibrée, plus saine et plus pacifique.
Ces dividendes sociaux profitent à tout le monde.
Malgré ces faits, le gouvernement veut réduire, froidement et méthodiquement, toutes les formes de solidarité.
Les coupes annoncées dans la coopération au développement n’en sont qu’un exemple.
Elles vont au-delà d’un simple exercice budgétaire : c’est une attaque idéologique contre un secteur qui rappelle au gouvernement ses engagements internationaux et sa responsabilité en matière de droits humains.
Dans le même temps, la Belgique consacre encore 13 milliards d’euros par an à des subventions pour les combustibles fossiles.
Si certaines aides sociales doivent être maintenues, la majeure partie de ces subsides bénéficie à des activités polluantes sans valeur sociale ajoutée, retardant ainsi la transition écologique.
Comment peut-on justifier des coupes dans des secteurs essentiels tout en maintenant des subventions nuisibles qui portent atteinte au climat et à la santé publique ?
Au cours des dix dernières années, la Belgique a perdu 19,3 milliards d’euros de recettes qui auraient pu financer les services publics et la sécurité sociale.
D’ici 2029, les revenus fédéraux devraient encore baisser de 7,9 milliards d’euros.
Et 85 % de ce recul budgétaire sera le résultat des choix du gouvernement Arizona.
Le gouvernement sabote donc délibérément ses propres recettes… pour ensuite s’inquiéter de la dette publique qu’il a lui-même contribué à creuser !
Cette situation n’est pas une fatalité.
Si rien ne change, les taux de pauvreté augmenteront dans les années à venir.
La tâche d’un gouvernement n’est pas de se cacher derrière des slogans d’un autre temps, mais d’offrir de nouvelles perspectives et une vision d’avenir à la population.
L’histoire l’a prouvé : Thatcher avait tort.
Il y a toujours un choix — le choix de mettre fin aux cadeaux fiscaux inefficaces et polluants,
le choix de faire contribuer chacun selon ses moyens,
le choix d’investir dans l’avenir plutôt que de couper dans la santé, l’éducation, la solidarité internationale et l’environnement.
À partir du 17 octobre, les femmes travaillent “gratuitement” jusqu’à la fin de l’année !
Le 17 octobre marque une date aussi symbolique que révoltante : si l’on convertit l’écart salarial global en temps de travail, les femmes cesseraient d’être payées à partir de cette date. L’écart moyen de 19,9 % entre le salaire des femmes et celui des hommes correspond en effet à près de deux mois et demi de travail “non rémunéré” pour les femmes par rapport à leurs collègues masculins.
L’inégalité salariale reste une réalité structurelle, qui pénalise massivement les femmes pendant leur carrière et jusqu’à la retraite.
On parle souvent d’un écart de 7 %, qui correspond à la différence de salaire horaire entre femmes et hommes. Mais cette donnée masque une réalité bien plus profonde : les femmes sont massivement cantonnées au temps partiel, souvent dans des secteurs sous-payés (commerce, soins, nettoyage, titres-services).
- 40 % des femmes travaillent à temps partiel, soit près de 846 000 travailleuses en 2023
- 83 % des temps partiels sont occupés par des femmes, dont 93 % y sont contraintes – faute de solutions de garde, d’offre de travail à temps plein ou en raison de pressions de l’employeur
Ces emplois sont souvent précaires, mal rémunérés et assortis de peu de perspectives de carrière. En moyenne, la durée de carrière des femmes n’est que de 31,6 ans, et 4 femmes sur 10 n’atteignent pas 35 années de carrière à 65 ans – alors que le calcul de la pension est basé sur 45 années.
Cette précarité salariale a évidemment des effets cumulés sur la pension.
Les pensions des femmes sont en effet en moyenne 21 % plus basses que celles des hommes et sans les périodes assimilées (maladie, congé de maternité, chômage temporaire…), cet écart grimperait à 43 % !
Par ailleurs, la suppression programmée de la pension de survie privera environ 140.000 femmes d’un filet de sécurité essentiel.
Et avec le gouvernement Arizona, les femmes vont encore payer !
Loin de corriger ces injustices, le gouvernement Arizona multiplie les attaques qui frappent directement les travailleuses à temps partiel, c’est-à-dire essentiellement des femmes :
- Flexi-jobs généralisés et extension des heures étudiants, accentuant la concurrence avec les temps partiels sans créer de postes à temps plein.
- Suppression du repos dominical et des jours de fermeture obligatoires, rendant la conciliation vie professionnelle/vie familiale encore plus difficile.
- Annualisation du temps de travail, qui crée des « semaines accordéon » et complique la combinaison de plusieurs temps partiels.
- Augmentation des heures supplémentaires “volontaires” jusqu’à 360 h sans sursalaire, voire 450 h dans l’Horeca.
- Suppression de la durée minimale d’1/3 pour les temps partiels, ce qui ouvre la voie à une fragmentation accrue des horaires.
- Suppression progressive des périodes assimilées dans le calcul des pensions anticipées, rendant celles-ci inaccessibles pour de nombreuses femmes.
- Sanction de l’AGR : les temps partiels de moins d’un mi-temps perdront leur allocation de chômage complémentaire après 2 ans — une mesure qui touche 33 % des femmes concernées.
En résumé, le gouvernement Arizona prend clairement les femmes pour cible, avec des réformes structurellement discriminantes, qui frappent précisément les statuts précaires dans lesquels elles sont surreprésentées.