15 février 2014

Le droit à la Ville

Partout dans le monde, les villes jouent aujourd’hui un rôle déterminant dans le développement économique. En Belgique, Bruxelles est le plus gros pôle économique, avec une concentration de 20 % de la richesse du pays. Bruxelles connait une croissance démographique, économique, et territoriale qui transforme la ville. De ville industrielle, elle est devenue ville de services ; de capitale nationale, elle est devenue capitale européenne ; et de ville franco-néerlandophone, elle est devenue ville cosmopolite. Bruxelles compte aujourd’hui 1,1 million d’habitants, et 3 millions dans la métropole. Les projections démographiques annoncent un accroissement de 145 000 personnes à Bruxelles d’ici 2020.

Bien que Bruxelles aille bien économiquement (c’est la deuxième ou troisième région la plus riche en terme de production de richesses en Europe), il existe une fracture sociale importante. C’est en effet la ville de Belgique avec le plus d’inégalités de revenus parmi ses habitants. Bruxelles compte plus de 110 000 chômeurs et 30 % des enfants y vivent au sein de ménages sans revenus du travail. 91% des 710 000 emplois à Bruxelles se trouvent dans le secteur tertiaire, et 56 % sont occupés par des non-Bruxellois, qui ne paient pas leurs impôts à Bruxelles.

Or, comme chacun sait, la contribution des Bruxellois à l’impôt des personnes physiques se réduit d’année en année, sous l’effet conjugué de plusieurs facteurs :

  • la poursuite de l’exode des ménages à revenu moyen (la classe moyenne), à la recherche d’un logement de qualité à un prix abordable ;
  • l’appauvrissement de la population, lié à une précarité croissante du travail à Bruxelles ;
  • la poursuite de l’immigration ouvrière (intra- et extra-européenne), occupant les niches d’emplois précaires et mal rémunérés (titres-services…) ;
  • la forte présence de cadres internationaux et de professions libérales, exonérés de l’IPP ou réussissant à l’éluder via une véritable ingénierie fiscale (constitution en société…).

Les politiques successives des gouvernements bruxellois se focalisent donc sur l’attraction des classes moyennes afin d’accroître les ressources financières régionales, ce qui, en soi, reproduit la tension interne.

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