Estelle Ceulemans FGTB Bruxelles
12 septembre 2019

Interview de rentrée d’Estelle Ceulemans

Pour la Secrétaire Générale de la FGTB Bruxelles, le nouveau gouvernement bruxellois doit s’atteler à répondre au plus vite aux urgences sociales et environnementales de notre Ville-Région.

A Bruxelles, la rentrée politique est marquée par l’entrée en action du nouveau gouvernement bruxellois. Pour Estelle Ceulemans, « une formation rapide du gouvernement bruxellois était primordiale pour répondre aux défis immenses auxquels fait face notre Région. » Ce faisant, Bruxelles s’affirme également comme un élément de stabilité politique alors que l’incertitude est totale au niveau fédéral. «Tout cela alors que notre Région est une entité complexe, tant par son statut bicommunautaire que par sa position de capitale qui la lie fortement aux deux autres régions. »

Pour la Secrétaire Générale de la FGTB Bruxelles, « 30 ans après sa fondation, la Région de Bruxelles-Capitale prouve ainsi qu’elle est totalement mature sur le plan politique et de ses institutions ! Et ce, alors que certains partis nationalistes voudraient la considérer comme « l’enfant d’un couple amené à divorcer dont il faut prendre soin »[1] »

Si la constitution du gouvernement bruxellois n’a pas traîné, c’est par contre toujours le flou sur le plan fédéral. « C’est particulièrement préoccupant vu la nécessité de mobiliser tous les niveaux de pouvoir pour mettre en œuvre une politique ambitieuse sur le plan social et environnemental. Bruxelles n’est pas une île… L’Etat fédéral et l’Europe disposent d’importants leviers de pouvoir. Il ne sera pas évident de se soustraire aux politiques néo-libérales et nationalistes instiguées aux échelons belges et européens. »

Un projet ambitieux pour Bruxelles et les travailleurs bruxellois…

 

La FGTB Bruxelles a analysé en profondeur le projet du gouvernement bruxellois pour la prochaine législature.

Que retenir de la feuille de route du nouveau gouvernement Vervoort ? Pour Estelle Ceulemans, « malgré l’arrivée d’Ecolo/Groen dans la majorité, on se situe globalement dans une certaine continuité avec un engagement fort sur les questions sociales. On relève de nouveaux accents sur les questions environnementales et de mobilité mais également en ce qui concerne la qualité de l’emploi que nous avons réussi à placer au centre des préoccupations. »

Le projet porté par la nouvelle coalition intègre en effet de très nombreuses revendications portées par la FGTB Bruxelles dans sa campagne « Pour un travail juste, pas juste un travail». La Déclaration de Politique Régionale est ambitieuse tant sur le plan de l’emploi que vis-à-vis des besoins des bruxellois en matière d’accès au logement, à des soins de santé de qualité ou à de véritables améliorations de la mobilité et de l’environnement.  En outre, comme le pointe Estelle Ceulemans, « on notera aussi le caractère ambitieux et positif du volet migration, à fortiori dans le contexte européen et fédéral actuel. »

Autre engagement notable : pour mener à bien ces différents chantiers, le gouvernement bruxellois consolide le processus innovant de concertation sociale mis en œuvre sous le précédent gouvernement dans le cadre de la Stratégie 2025 et des priorités partagées. Un aspect essentiel sur lequel la Secrétaire Générale persiste et signe : « L’ensemble des politiques avec des aspects socio-économiques doivent être concertées avec les interlocuteurs sociaux. Cela doit concerner autant l’emploi et la formation que la transition économique, la mobilité, le logement, la santé, l’aide aux personnes,… C’est la seule voie possible pour engager notre région sur la voie d’une réelle transition juste et durable. »

…. avec toutefois des points d’attention

 

Si à première vue, l’optimisme est de mise, la FGTB Bruxelles tient également à apporter quelques nuances car l’accord de gouvernement contient également certaines zones d’ombres et des points de préoccupation. En particulier au niveau de la fonction publique, vu l’absence d’engagement pour une revalorisation des barèmes de la fonction publique locale. L’organisation syndicale s’inquiète également de la volonté de « simplifier » les procédures de statutarisation des contractuels, tout comme le régime disciplinaire des statutaires.

Estelle Ceulemans pointe elle certains risques ou contradictions : « Le gouvernement bruxellois s’engage pour une meilleure qualité de l’emploi mais certains projets comme la « Garantie solution pour tous » risquent, si on ne les encadre pas suffisamment, d’engendrer davantage de statuts précaires… »

Une autre préoccupation importante pour la FGTB Bruxelles est l’absence de perspectives budgétaires claires. « Quels moyens seront véritablement dégagés pour la mise en œuvre d’une politique aux forts accents sociaux comme le logement ? Quid des investissements des autres politiques comme celles liées à l’emploi ou à la formation? »

Estelle Ceulemans interpelle : « la Région pourra-t-elle s’extraire du carcan budgétaire que l’Europe lui impose et qui l’empêche aujourd’hui de réaliser les grands investissements nécessaires pour répondre aux défis sociaux et environnementaux ? Les services publics seront-ils épargnés par les exigences européennes de rationalisation ? Étrangement, la déclaration gouvernementale reste muette sur ces points… »

En conclusion, la FGTB Bruxelles marque un a priori positif sur l’accord de gouvernement bruxellois mais jugera « sur pièce » l’action du gouvernement. 

Prochaine étape : la convocation d’un Sommet social et la négociation d’un nouvel accord social entre le gouvernement, les syndicats et les patrons bruxellois.  Il s’agira ainsi de déterminer les objectifs partagés de la future Stratégie de développement pour 2030 !

[1] NDLR : voir site NV-A.